Premiers pas au Pérou - album 74
Apres un intermède hôtelier de 2 semaines à Arequipa en mars, nous reprenons nos marques dans notre camionnette toute propre et délestée de plus de 30kg de chargement, parti dans les valises des mamies.
Il nous fallait des sensations fortes pour évacuer le spleen des séparations. Et nous n’avons pas été déçus !
Tout d’abord, cap au nord le 22 mars, nous remontons un premier tiers de la côte péruvienne, et laissons Cusco et le Machu Pichu pour le retour. Car la saison des pluies n’est pas tout à fait finie dans la vallée sacrée. Puisqu’on a le temps, autant bien faire les choses. Surtout, partir vers le nord permet de visiter les sites archéologiques en respectant une certaine chronologie : d’abord les Paracas, les Nasca, les Huari, les Chavins, les Moche, les Chimu… Toutes ces civilisations sont antérieures aux Incas, et bien sûr passionnantes. Nous avons donc fort à faire !!
Dès les premiers jours de cette nouvelle aventure, le Pérou nous séduit. Avant d’attaquer les montagnes, deux petites escales sur une plage immense et déserte puis dans un petit port de pêche, nommé Chala. Premier contact « réel » avec les péruviens. On avait une petite appréhension, car ils nous paraissaient beaucoup plus difficiles d’accès et réservés que les volubiles argentins ou modernes Chiliens. Mais nous sommes très vite tombés sous le charme, et ne cessons de nous émerveiller de leur accueil fantastique ! A Chala, un bistrotier nous invite à utiliser sa « terrasse » pour faire l’école, et à utiliser son câble internet. Il ne cherche pas à nous vendre quoi que ce soit, juste à nous rendre service. Les enfants font leurs premières rencontres, sur le thème « on jette des bombes à eau sur les pélicans »
Puis, une route hallucinante dans les dunes de la côte pacifique, nous emmène vers la civilisation Nasca. Pas un petit morceau, elle a dominé tout le sud et le centre du Pérou entre le 5e et le 8e siècle après JC, et a laissé des dessins géométriques de parfois plusieurs kilomètres de long sur les collines. Ces énigmatiques « lignes de Nasca » montrent une connaissance très poussée de mathématiques et d’astronomie, et étonnent encore aujourd’hui les scientifiques.
Pour ces quelques jours à Nasca, nous nous installons sur le parvis de l’hôtel Nasca Lines, en face d’un petit marché d’artisanat. Les vendeurs nous font une petite place sur leurs étals pour l’école… Charlotte se passionne pour les céramiques du musée, et apprend des tas de gros mots comme zoomorphe, anthropomorphe, ornithomorphe, phytomorphe… Une céramique immense en forme de poisson l’impressionne particulièrement. Au passage nous admirons le raffinement de la culture Nasca, hormis les crânes humains percés d’un trou au front, ou passait une corde pour faciliter le transport lors des cérémonies…
Nous voilà donc armés pour explorer ces fameuses lignes. Et effectivement, elles sont incroyables. Tellement grandes, qu’il a fallu attendre qu’un avion les survole en 1901 pour qu’on les remarque. Des droites parfaitement rectilignes vues du ciel, à travers montagnes et rivières, se perdent à l’horizon. D'autres figures, immenses elles aussi et faites d'un seul trait continu, représentent parfois des animaux, parfois des spirales… Et les Nazca ont fait tout çà en déplaçant quelques cailloux pour faire jouer les nuances de roches, sur à peine quelques centimètres de profondeur, il y a plus de 1500 ans. On ne sait toujours pas leur signification.
Au passage, nous admirons quelques géoglyphes (encore un gros mot !) magnifiques de la culture Paracas, qui représentent eux des humains et des dieux, et sont aussi très grands. Il y a tellement de vestiges des civilisations passées sur ces collines, qu’il est impossible de toutes les préserver. Et il n’est pas rare, en chemin, d’apercevoir de magnifiques figures perdues entre les pubs Coca-Cola… Et Inca-cola !
Bref, beaucoup de culture en peu de temps. Heureusement, Paracas n’est pas qu’une civilisation perdue. C’est aussi un parc naturel du Pacifique, extrêmement beau et sauvage. Nous courons donc nous y ressourcer. Quelques châteaux de sables pour les enfants, une belle rencontre avec « Léonardo », et le bon air marin, avant de replonger vers la cordillère, fêter la semaine sainte en compagnie des andins.