Adios peru! retrospective sur le nord du pays - album 71
Le mardi 11 juin, nous avons quitté le Pérou. C’est triste, on s’y sentait tellement bien ! Si l’argentine et le Chili nous ont offert des paysages sublimes et de belles rencontres, le Pérou nous a en plus dévoilé sa magie, faite de légendes, de couleurs, de traditions, de temples et de trésors.
Car nous ne vous avons pas tout raconté… trop pris dans le rythme des découvertes. Entre les lagunes azur de la Cordillère Blanche fin avril (article « Une journée ordinaire »), et notre entrée fracassante chez les Incas le 15 mai (« à l’assaut de l’empire Inca »), nous avons effectué une grande boucle vers le nord et l’intérieur du pays. Nous y avons découvert des paysages fantastiques en s’approchant de l’amazonie, et surtout nous avons poursuivi notre étude des cultures pré-inca, entamée à Nazca, Paracas et Huari. Quelle bonne idée de JB de faire le tour du pays dans ce sens ! Comme si nous avions refait l’histoire dans l’ordre, avec pour point d’orgue le dernier empire, qui finalement doit sa splendeur à tous ceux qui l’ont précédé.
Nous avons ainsi découvert des civilisations de la mer, d’autres de la montagne, de grands empires comme les Chimu, qui dominaient toute la côte depuis l’Equateur jusqu’au Chili ; et de petites civilisations très localisées mais passionnantes comme Paracas ou Nazca. Il y en a de très secrètes, dont on n’a pu décoder les atours, et d’autres qui ont tout raconté dans les moindres détails sur leur vie sociale familiale spirituelle et même intime.
Certains empires étaient barbares et sanguinaires, et même très raffinés dans l’art du crime. Les Moche, ont sacrifié aux dieux tant de jeunes guerriers qu’ils en ont mis en péril la subsistance du royaume. L’un des empereurs Chimu a fait recouvrir son tombeau de 40 cellules, ou furent emmurées de 40 jeunes filles ainsi offertes en sacrifice. D’autres empires dominaient par l’esprit et la sagesse, comme Chavin de Huantar, qui a rayonné durant des siècles sur un immense territoire seulement par sa supériorité spirituelle et scientifique, et dont la marque subsiste encore dans les cultures actuelles.
Certaines empilaient leurs temples les uns au dessus des autres comme les Moche, d’autres au contraire, s’étalaient sur des 100aines d’hectares.
Chaque civilisation avait ses domaines de prédilection et a apporté sa pierre à l’édifice en tissage, en orfèvrerie, en poterie, ou en peinture. Mais toutes avaient en commun des constantes incontournables. Tout d’abord une étonnante maîtrise de l’architecture, d’hydraulique et de géologie. Sans quoi il n’y aurait rien à visiter aujourd’hui. Le temple de Chavin de Huantar a plus de 5000 ans, dans une zone extrêmement humide. Pourtant, il n’a pas pris une ride, sauf à avoir perdu quelques décorations extérieures dans un glissement de terrain historique en 1971, qui fit des milliers de morts dans la région.
Toutes ces cultures étaient aussi très religieuses. Les dieux régissaient chaque instant de la vie, et surtout le travail. Certains mettaient au premier rang le soleil et la lune, d’autres le puma-le condor et le serpent, d’autres la montagne, d’autres l’esprit des anciens. La mythologie Moche comprenait une impressionnante hiérarchie de dieux, répondant à toutes les inconnues de l’existence. La déité incontestée à travers toutes ces civilisations, héritée des Chavins, est la Pachamama, la « terre-mère ».
Pour avoir une imagination aussi fertile, ils abusaient tous de substances hallucinogènes, dont la plus connue est extraite du cactus « sacré » aujourd’hui appelé San Pedro, qui pousse encore à tous les coins de rue dans certaines zones…
Les enfants ont été impressionnés par les Cabezas Clavas du temple Chavin, et son dieu Lanzon, caché dans une crypte souterraine ; les temples empilés des Moche au Huaca del Sol; le trésor de Sipan, et celui de la Senora de Cao, première reine connue de ces civilisations ; les scènes de massacre et têtes empilées sur le mur d’enceinte du temple Sechin ; les frises aquatiques des Chimus à Chan Chan ; les momies de Sican enterrées la tête en bas (mais sans tête !), l’entrée de la forteresse de Kuélap… Brefs, ils ont avalé toutes ces visites avec un véritable esprit d’exploration.